La séparation des pouvoirs n’est plus seulement un concept issu de la doctrine ou une règle d’art politique, comme Charles Eisenmann et Jean-Jacques Chevallier l’ont décrite. Le Conseil constitutionnel participe activement, directement ou indirectement, volontairement ou malgré lui, à un mouvement de redéfinition du sens de ce principe fondamental du constitutionnalisme moderne. En adoptant certaines exigences fondées ou non sur le « principe de la séparation des pouvoirs » comme principes directeurs propres à la jurisprudence constitutionnelle, le Conseil confère un contenu positif (théorique et normatif) à la séparation des pouvoirs, que ce contenu se conforme à son sens profond ou qu’il aboutisse à son appauvrissement, voire à sa dénaturation.