Les théories sur l’activisme juridictionnel demeurent incomplètes. Il en va ainsi des explications fournies par Ran Hirschl sur la judiciarisation des questions politiquement sensibles (mega-politics). En effet, ces théories ne résistent pas à un examen rigoureux des doctrines jurisprudentielles mises en œuvre par les juridictions constitutionnelles, comme par exemple les cours constitutionnelles indiennes et sud-africaines. Au contraire, cet article essaie de montrer en quoi les doctrines jurisprudentielles, formulées par les juges constitutionnels en vu de justifier et d’affirmer leurs contrôles, peuvent être interprétées de manière à être conformes aux climats politiques et sociaux considérés. Cette contribution développe ainsi une approche comparative qui lui permet de montrer que la Cour constitutionnelle indienne exerce, contrairement à la perception qu’il est possible d’en avoir, une certaine retenue judiciaire (Judicial restraint). Pourtant, une telle retenue ne signifie pas qu’elle soit déférente à l’égard du pouvoir exécutif – par peur d’un conflit institutionnel –, et ce, contrairement aux analyses de Ran Hirschl.