Comme l’ont illustré les récents débats ayant entouré le projet de loi constitutionnelle de protection de la nation, la déchéance de nationalité véhicule des représentations contradictoires, voire conflictuelles. Instituée pour la première fois en 1848, et aujourd’hui prévue à l’article 25 du code civil, elle peut être définie comme la sanction qui consiste à retirer la nationalité française à une personne qui l’avait acquise en raison de son indignité ou de son manque de loyalisme. Souvent présentée comme une mesure symbolique destinée à unir la nation et à réaffirmer ses valeurs, l’étude des différents cas de déchéance révèle qu’elle est plutôt un outil pratique permettant de protéger la nation contre certaines menaces liées à la guerre, l’immigration ou plus récemment le terrorisme. Il convient dès lors de retracer l’histoire de la déchéance de nationalité pour essayer de mettre en lumière les différentes conceptions juridiques, politiques et philosophiques qui la sous‑tendent.