Dans ses écrits politiques durant le Directoire, et en particulier dans ses Réflexions sur la paix intérieure (1795) et Des circonstances actuelles (1798), Mme de Staël offre une analyse convaincante de l’héritage laissé par la Révolution française et des difficultés rencontrées pour construire un gouvernement libre dans la France postrévolutionnaire. Elle suit ainsi une voie médiane entre les extrêmes dans le but de « terminer » la Révolution et de construire un parti mitoyen, seul capable de réunir les amis de la liberté. Cet article met en lumière la pensée politique modérée de Mme de Staël en examinant en détail les critiques qu’elle adresse à la Constitution de 1795, ses propositions pour réformer le Directoire, mais également son approbation des évènements du 18 fructidor et leurs implications sur sa recherche de la modération durant la seconde partie du Directoire. Cette contribution montre, au final, la cohérence du programme constitutionnel de Mme de Staël qui tout entier réside dans le concept de modération politique.