Dès 1932 émerge au Portugal une « dictature des docteurs » (Salazar) : la cathédocratie. Ce néologisme croise les mots kathèdra (καθέδρα : siège/chaire) et kratein, dérivé de kratos (κράτος), qui implique l’idée d’un pouvoir qui a sa source en lui-même. Le pouvoir souverain est ainsi remis à une classe savante et sage qui offre comme gage de garantie sa profession, celle de professeur d’université, et son grade, celui de docteur, le plus souvent en droit. Le constitutionnalisme que le régime enfante présente une nature étonnante, quoique greffée sur l’héritage monarchique du constitutionnalisme octroyé du xixe siècle. Afin de contrer le césarisme païen et l’hégélianisme, la doctrine veut faire plier l’État face au droit et à la morale (art. 4, Constitution de 1933). Une alliance sera forgée entre les canons du constitutionnalisme moderne et les leçons du « constitutionnalisme » ancien et médiéval, attachées aux garanties morales et religieuses aptes à contenir les gouvernants.