En dépit des multiples qualités de Foundations of Public Law, la saisie, par Martin Loughlin, de l’idée de droit public est grevée de l’échec à concilier son usage de la compréhension moderne classique du droit public avec la conception libérale de l’État de droit. La compréhension moderne classique est subordonnée à une conception anti-féodale de la liberté, à ce que Skinner désigne comme l’idée pré-libérale de la liberté. Lui sont attachées l’idée selon laquelle c’est l’État qui rend possible un état de liberté, celle selon laquelle il ne saurait y avoir de liberté sous la règle féodale et lorsque n’existe pas un État comme système organisé des charges publiques. Dans la conception libérale, le rôle de la loi est de garantir une condition naturelle de liberté qui préexiste à l’État, et de prévenir la tendance de l’État à interférer avec ou à violer cette condition. La différence de ces deux conceptions a des conséquences sur la manière dont est comprise l’émergence du social. La conception moderne classique peut être modifiée et développée pour prendre en compte ce nouveau concept historique. Dans ce cas, on conçoit de nouveaux pouvoirs d’administration et de régulation qui relèvent de l’État dans son rapport au social, de telle sorte qu’ils s’articulent aux principes du droit public et en répondent. Toutefois, dans les termes de la conception libérale, l’émergence du social et ce qu’elle implique relativement au pouvoir étatique révèlent un ensemble de forces antagoniques aux principes du droit public, désormais interprété comme sauvegarde de la condition naturelle de liberté individuelle. Loughlin opte en faveur de cette dernière compréhension s’agissant de l’État administratif du XXe siècle, ce qui le conduit par là même à une perspective particulièrement libérale-conservatrice et pessimiste quant aux possibilités de l’État et du droit public contemporains.