Garantir que le principe majoritaire dans les scrutins électoraux soit approprié à la prise en compte et l’affranchissement des minorités politiques est un effort crucial, en particulier pour les sociétés caractérisées par des clivages tels que ceux opérés par la race/l’ethnie, la religion, le langage, etc. La position “majoritariste” a tendance à négliger la nécessité de prendre en compte les minorités politiques, qui risquent d’être définitivement privées de leurs droits si leurs choix électoraux ne produisent constamment pas les résultats qu’elles souhaitent, ou que, se présentant, elles ne puissent pas obtenir le nombre de soutiens nécessaires pour être élues. De tels déséquilibres politiques sont particulièrement aigus dans les sociétés où les clivages fondés sur l’identité sont un facteur d’influence, voire le facteur d’influence principal des choix politiques. Cet article étudie une modification d’un système pluraliste simple pour inclure des candidats de la minorité ethnique à la Chambre élue. Le « Group Representation Constituency », qui a été instauré à Singapour depuis 1988, désigne certaines circonscriptions comme des circonscriptions groupées, où les candidats concourent en équipe. En imposant qu’il y ait au moins un candidat de la minorité dans chaque équipe, ce dispositif vise à assurer une représentation de la minorité ethnique au Parlement. À partir du schème que constitue ce cas d’études, j’examine quelques-unes des manières dont les systèmes d’inclusion des minorités peuvent faire face à la difficulté d’assurer l’inclusion politique sans renforcer les distinctions identitaires.