« Il est difficile d’être passionné par la modération » note joliment Aurelian Craiutu, faisant en quelque sorte écho à un essai paru récemment sur le même sujet (J. Boudon, La passion de la modération d’Aristote à Nicolas Sarkozy, Paris, Dalloz, 2011). Même si l’on peut y voir une préoccupation identique de réhabiliter cette noble vertu qu’est la modération, l’ambition de ce livre est tout autre, puisqu’elle vise à étudier comment la pensée politique française s’est saisie de la notion à la fin du siècle des Lumières et au cours des premières décennies du XIXe siècle. Vaste programme, pensera-t-on, car la modération n’a pas été la chose du monde la mieux partagée en ces temps de révolutions, dominés par les passions et le fanatisme. Programme d’autant plus ambitieux que ce livre est conçu comme le premier d’une série qui doit aborder successivement les significations de la modération dans la pensée française du XIXe siècle, dans la pensée politique anglaise et enfin dans la théorie politique contemporaine, afin de dessiner la figure conceptuelle de la modération politique.