Relevant l’importance politique de l’amour des lois, Rousseau cherche à expliquer comment un sentiment si paradoxal peut s’expliquer et être produit dans les citoyens. C’est pourquoi, tout en reconnaissant la transformation irréversible que suppose le passage de l’homme naturel au citoyen, il maintient un lien entre amour des lois et amour de soi. L’amour des lois n’est pas sacrificiel : il donne à l’amour de soi un nouvel objet, un plus grand théâtre, plutôt qu’il ne l’abolit. Cependant, le détail des textes nous permet de distinguer : Rousseau oppose la voie dénaturante et brutale de Lycurgue à la voie plus raisonnable de Platon qui épure les sentiments naturels. Quant aux modernes, ils doivent se contenter d’une troisième et dernière voie, plus douce, qui préserve l’amour de soi et des siens, comme la raison et le fondement de l’amour des lois.