Ces libres propos autour de Léon Duguit et de Maurice Hauriou dans la Grande Guerre valent comme un double prétexte. Ils visent à présenter des débats marquants qui ont caractérisé la période et à interroger la pertinence de la césure de la Guerre comme borne chronologique pour la pensée des deux maîtres du droit public. En premier lieu, Duguit et Hauriou ont bien contribué à l’effort de guerre comme administrateur et par leurs prises de position publiques. Ils contribuent ainsi au « front du droit » : Hauriou préconise un nouveau régime d’alliance et défend la nécessité du maintien d’un régime de liberté tandis que la pensée de Léon Duguit sert de propagande républicaine dans les pays anglo-saxons. En second lieu, le conflit est aussi instrumentalisé afin de servir à dénoncer des doctrines adverses en théorie du droit, défendre une interprétation en contentieux et sur le régime administratif. Duguit et Hauriou se retrouvent alors dans leur commune volonté d’élaborer une doctrine juridique française de l’État là où d’autres opposent les droits de l’homme à la doctrine allemande d’un État omnipotent. En ce sens, indéniablement la Guerre est moins un tournant, qu’une continuité dans leur pensée.