Le droit constitutionnel comparé est aux prises avec des problèmes méthodologiques considérables, qui rendent difficiles de formuler des théories générales à la fois circonstanciées et qui puissent embrasser et rendre compte de manière satisfaisante de tout l’éventail des systèmes constitutionnels existants. Dans le champ du fédéralisme comparé, la formulation réussie de telles théories est chose particulièrement difficile, en raison de la relativité au contexte des compromis négociés qui accompagnent ordinairement la formation d’une constitution fédérale. Parce que les tractations fédérales sont relatives aux conditions particulières de chaque pays, la comparaison s’en voit compliquée et il est particulièrement délicat de parvenir à une explication qui englobe l’ensemble des constitutions fédérales. Le trait fondamental des fédérations, qui les distingue des États unitaires, est qu’elles sont constitutivement une entité politique fédérée, composées d’entités politiques constituantes. Toute théorie de la modification des constitutions fédérales doit prendre en compte cette combinaison d’entité politique et entités politiques. Cet article entend montrer que l’on rend mieux compte des mécanismes de modification de la constitution dans les systèmes fédéraux en les rapportant à la manière particulière dont le pouvoir constitutif est institué par le processus qui établit originairement les constitutions fédérales et par lequel elles continuent d’évoluer. Ces processus constitutifs sont fonction de la mesure dans laquelle une fédération est agrégative du point de vue de ses origines constitutionnelles et de ses présuppositions. En abordant la question de cette manière, nous montrons que la relativité des tractations qui sous-tendent la formation des constitutions fédérales à un contexte singulier peut être intégrée à une théorie comparée qui rende compte de la formation et de la modification des constitutions fédérales, théorie dont la portée explicative est générale.