Le constitutionnalisme, dont l’enseignement est prohibé en Chine, est à la fois un outil analytique et un projet normatif. Le constitutionnalisme global s’intéresse aussi bien au droit international proprement dit qu’aux divers ordres constitutionnels nationaux qui sont partiellement convergents. La mondialisation nécessite de la part des institutions nationales et internationales l’adoption de mesures politiques et juridiques qui déploient souvent des effets vis-à-vis des tiers sans fondement démocratique ni possibilité de recours. Ce phénomène a pour conséquence un sabotage partiel des constitutions nationales. Dans la mesure où nous souhaitons sauvegarder l’opérationnalité des principes constitutionnels nationaux (rule of law, droits de l’Homme, démocratie et sécurité sociale), cette déconstitutionnalisation devrait pouvoir être compensée au sein des institutions internationales et des États (constitutionnalisme compensateur). Toutefois, cette idée se heurte à des pratiques anti-constitutionnalistes qui prennent corps tant au niveau national qu’international, ainsi qu’à de pertinentes critiques de nature épistémologique et normative. Face à ces symptômes de crise, la présente contribution met en exergue l’absence d’une idéologie attractive alternative au constitutionnalisme. Les vagues contradictoires de revendication et de contestation typiques des discours juridico-politiques modernes et postmodernes en sont la démonstration. L’article conclut que l’évolution vers un constitutionnalisme pluraliste et respectueux des différentes cultures peut être universalisable, mais que – faute de mieux – le constitutionnalisme global demeure précieux en tant que discours critique.