Cet article cherche tout d’abord à répondre à cette question : pour quelles raisons André Malraux s’est-il rallié aux idées constitutionnelles gaullistes ? Il vise à déconstruire la thèse communément véhiculée selon laquelle cette adhésion s’expliquerait par l’attachement personnel qui unit André Malraux au général de Gaulle. En réalité, les questions politiques et institutionnelles occupent une place importante et négligée dans l’œuvre écrite et parlée d’André Malraux. L'écrivain a exprimé de manière éparse ses vues sur ces domaines au sein de textes et de discours qui devancent bien souvent la période d’élaboration de la Ve République, voire celle de la formation du corpus constitutionnel gaulliste à l’occasion du Discours de Bayeux. Les conceptions institutionnelles et politiques d’André Malraux que cet article entend faire connaître se révèlent, après analyse, très perméables aux idées gaullistes. André Malraux fut même l’un des plus ardents défenseurs de ces dernières et exerça une fonction politique méconnue, mais extrêmement importante au profit de leur promotion dès les années quarante. Cette contribution propose alors, dans un second temps, de mettre en lumière cette action politique et propagandiste et ambitionne de souligner la dimension décisive du rôle joué par Malraux au sein du RPF. À l’aune d’une telle recherche, il convient en conclusion de répondre à une ultime interrogation. La propagande d’André Malraux en faveur de la Ve République a-t-elle pu orienter la représentation du régime sous l’angle de la lecture spécifique opérée par l’auteur de La Condition humaine ?