La décision d’urgence est le pivot de la réaction des États subsahariens à la crise sanitaire, sécuritaire et économique provoquée par la pandémie de la Covid-19. Elle s’inscrit formellement dans le cadre des régimes d’exception organisés par les textes constitutionnels, notamment l’état d’urgence proclamé partout, à quelques exceptions près. Mais, à l’examen, l’ordre de l’exception s’avère proche de l’ordre normal. Outre une dérivation formelle, on peut relever leur identité de fonctionnement. La distribution du pouvoir est toujours déséquilibrée en faveur de l’exécutif. Celui-ci, pour maintenir l’image d’un État efficace et souverain, doit parvenir à gérer les conflits sociopolitiques internes persistants et ingérer la pression des flux internationaux. En fait, l’urgence révèle, moins le changement paradigmatique de l’État subsaharien, que l’indissociabilité nécessaire du droit et de la politique dans sa conception.